Son oeuvre :
- Alcools
- Poèmes à Lou - Calligrammes - Le Bestiaire ou cortège
d'Orphée
- l'Enchanteur pourrissant (1908)
- l'Hérésiarque et Cie(1910)
- le Poète assassiné (1916)
- le Guetteur mélancolique
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Les
débuts
Né à Rome,
fils naturel d’un officier italien et d’une aristocrate polonaise, Apollinaire,
de son vrai nom Wilhelm Apollinaris de Kostrowitzky, passe le plus clair de son
enfance en Italie, puis sur la Côte d’Azur où il fréquente les lycées de Monaco,
de Cannes et de Nice. Arrivé à Paris en 1899, il occupe divers emplois
gagne-pain avant d’être engagé comme précepteur en Rhénanie. Ce séjour d’un an
en Allemagne (1901-1902) lui fournira les thèmes d’inspiration et le titre de
ses neuf poésies «!Rhénanes!», rassemblées dans le recueil Alcools en 1913. C’est aussi en
Allemagne qu’il fera la rencontre d’une jeune Anglaise, Annie Playden - profondément épris, il
sera éconduit -, expérience qui lui inspirera «!la Chanson du mal-aimé!», qui paraîtra pour la
première fois en revue en 1909.
De retour à
Paris (1903), il se lie d’amitié avec Alfred Jarry et André Salmon et collabore à plusieurs
journaux littéraires, avant de fonder sa propre revue, le Festin d’Ésope
(1903-1904), dans laquelle il donne une première version de l’Enchanteur
pourrissant, œuvre poétique en prose. Pour subvenir à ses besoins et par
goût pour la littérature «!libre!», il entreprend bientôt la rédaction de romans érotiques, publiés
sous le manteau (les Onze Mille Verges, 1906!; les Exploits d’un
jeune don Juan, 1911), édite des ouvrages «!libertins!» pour la collection «!les Maîtres de l’amour!», et établit des
anthologies de l’Arétin, de Sade, de Nerciat et de Mirabeau.
Apollinaire
et l'avant-garde picturale
À la même
époque, il fait la rencontre du peintre Marie Laurencin (1908), qui l’introduit dans les milieux
artistiques d’avant-garde et aura sur lui une influence durable. Devenu l’ami
de Vlaminck, de Derain, de Picasso, de Braque et de Matisse, il se fait le
défenseur de l’«!art nouveau!», sujet de la conférence remarquée qu’il fera au Salon des
indépendants en 1908.
L’année
suivante, l’Enchanteur pourrissant paraît en volume, illustré par Derain
de gravures sur bois. Peuplée de personnages mythiques empruntés aux romans de
la Table ronde (Merlin, Viviane, Morgane), cette œuvre de jeunesse, dont les surréalistes feront plus tard
l’éloge, se veut une célébration des légendes de l’Occident (voir Arthurien, cycle). Toutefois, y sont
sous-jacents des thèmes très personnels, comme le mystère de l’origine et le
secret des pouvoirs de l’enchanteur-poète, à la fois menacé et inspiré par les
forces vives de l’amour.
En 1910,
Apollinaire publie l’Hérésiarque et Cie (recueil de seize contes
merveilleux), puis, en 1911, les courts poèmes du Bestiaire ou Cortège
d’Orphée, illustrés par Raoul Dufy de gravures sur bois. Alors que prend fin sa liaison avec
Marie Laurencin, il fait paraître un essai théorique consacré à l’art
contemporain, les Peintres cubistes, méditations esthétiques (1913) et Alcools, recueil de ses
meilleurs poèmes écrits entre 1898 et 1912.
Composée à
la manière d’une toile cubiste (juxtaposant des évocations et des sensations relevant de
registres temporels et culturels différents), écrite en vers libres (où sont toutefois
préservées la rime et l’assonance), sans aucune ponctuation (que le poète a
supprimée lors des corrections d’épreuves), cette œuvre renouvelle en
profondeur la poésie française, conduite pour la première fois «!aux frontières de
l’illimité et de l’avenir!».
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Alcools et la modernité poétique
Par la diversité de son inspiration, qui associe strophes
bouffonnes et pathétiques, pages épiques exhumant de vieilles légendes rhénanes
et chansons issues de la tradition populaire, portant l’empreinte de François Villon ou des romantiques, Alcools
inaugure une perception nouvelle du monde et annonce par certains de ses
accents le proche avènement du surréalisme. Cette fascination pour la modernité
amène d’ailleurs Apollinaire à soutenir le futurisme de Marinetti et à défendre bientôt la peinture « métaphysique » de De Chirico.
Les «!Poèmes de la paix et de la guerre!» : Calligrammes
Quand il
s’engage en décembre 1914 pour la durée de la guerre, le poète vient de vivre
avec Louise de Coligny-Châtillon, surnommée «!Lou!», une idylle amoureuse,
qu’il exorcise par l’envoi de lettres du front à la bien-aimée. Il en publiera
un petit nombre dans Calligrammes (1918), accompagnées de «!poèmes conversations!» et d’«!idéogrammes lyriques!» (les autres lettres
feront l’objet, en 1947, d’une publication posthume sous le titre de Poèmes
à Lou).
D’abord
artilleur, il est ensuite affecté dans le 96e régiment d’infanterie avec le grade de
sous-lieutenant. Mais, blessé à la tempe par un éclat d’obus, il doit subir une
trépanation (1916). Pendant sa convalescence paraît le Poète assassiné
(1916), recueil de nouvelles et de contes à la fois mythiques et
autobiographiques.
Dès sa
guérison, Apollinaire se remet à l’écriture. Il fait mettre en scène un «!drame surréaliste!» un brin provocateur(les
Mamelles de Tirésias, 1917) qui, sur le ton de la farce, traite de
questions sérieuses (la «!repopulation!»), et participe à une conférence très remarquée sur l’«!esprit nouveau!», où il exalte
l’esthétique de la surprise tout en se réclamant des valeurs de l’humanisme.
Après son mariage en 1918 avec Jacqueline Kolb, la «!jolie rousse!» du dernier poème de Calligrammes,
il rédige plusieurs articles de critique journalistique, publie encore un
recueil de chroniques (le Flâneur des deux rives, 1918) avant de
succomber le 9 novembre 1918, frappé par l’épidémie de grippe espagnole qui sévit
en Europe.
Issu de la
génération symboliste, mais admiré de son
vivant par les jeunes et bruyants poètes qui constitueront le ferment du groupe
surréaliste (Breton, Aragon, Soupault), Apollinaire
préfigure, par l’originalité et la modernité de son œuvre poétique, les grands
bouleversements littéraires et poétiques qui naîtront dans
l’entre-deux-guerres.
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