Son oeuvre :
- Méditations poétiques (1820)
- Nouvelles Méditations poétiques (1823)
- la Mort de Socrate (1823)
- le Dernier Chant du pèlerinage d'Harold (1825)
- les Harmonies poétiques et religieuses (1830)
|
|
Vie de Lamartine
Les débuts littéraires
Né à Mâcon
le 21 octobre 1790 dans une famille de petite noblesse légitimiste sans
grande fortune, Alphonse de Lamartine reçut une éducation soignée chez les jésuites.
Il mena sous l'Empire la jeunesse oisive de ces royalistes intransigeants pour
qui Napoléon, malgré toute sa gloire, n'était que «!l'usurpateur!». Une solide éducation
classique, le contact avec les réalités de la campagne, des lectures
désordonnées mais abondantes, un voyage à Naples en 1811 (au cours duquel il
s'éprit de celle qu'il évoqua plus tard dans Graziella) constituaient
une formation qui devait lui permettre toutes les ambitions.
Mais cette
âme rêveuse et mélancolique ne profita guère de la Restauration, qui lui
accorda pourtant la place enviée de garde du corps du roi Louis XVIII. Ses goûts le
portaient davantage vers la littérature que vers les honneurs de la cour. Il se
mit à fréquenter les salons, s'essaya à quelques tragédies (Saül, 1818)
et composa ses premières élégies. En 1815, pendant les Cent-Jours, il se
réfugia en Savoie. En 1816, alors qu'il était en convalescence à Aix-les-Bains,
sur les bords du lac du Bourget, il rencontra celle qui devint l'Elvire du Lac,
Julie Charles, une femme mariée avec qui il vécut une idylle intense mais
brève, puisque la jeune femme mourut de phtisie l'année suivante.
Le maître du lyrisme
En 1820, il
fit paraître sous le titre de Méditations poétiques des poèmes qui le rendirent
bientôt célèbre et qui sont considérés comme la première manifestation du romantisme
en France. Ces vers lyriques, évoquant les inquiétudes amoureuses et
spirituelles d'une âme tourmentée, correspondaient à la sensibilité d'un public
que les auteurs classiques ne satisfaisaient plus.
En menant,
parallèlement, une brillante carrière de diplomate en Italie, Lamartine
continua d'explorer la même veine lyrique, avec les Nouvelles Méditations
(1823), la Mort de Socrate (1823) et le Dernier Chant du pèlerinage
de Childe Harold (1825), qui est un hommage à Byron. Élu à l'Académie
française en 1830 (voir Institut de France), il connut un nouveau succès
en publiant ses Harmonies poétiques et religieuses, œuvre d'un lyrisme
puissant, qui révélait un poète en pleine possession de son talent.
L'engagement politique
La révolution
de juillet 1830 donna un tour nouveau à sa carrière. Par conviction
légitimiste, Lamartine démissionna de son poste pour se lancer dans la
politique. Sa production poétique de cette période porte la marque de ses
préoccupations politiques («!Ode sur les révolutions!», «!Némésis!»). Après un premier échec à la députation en
1831, il s'embarqua pour un long voyage en Orient (1832-1833), au cours duquel
il perdit sa fille unique, Julia (Voyage en Orient, 1835).
À son
retour, il fut élu député et, jusqu'en 1848, sa principale préoccupation fut de
défendre à la Chambre des idées libérales et progressistes. Son activité
littéraire, moins intense, se concentrait alors dans le projet d'une vaste épopée
qui devait raconter «!l'histoire de l'âme humaine!». Rédigés dans cette perspective, Jocelyn
(1836), la Chute d'un ange (1838), et plus tard Recueillements
poétiques (1839), firent de lui le chantre d'un «!christianisme libéral et
social!».
Soucieux de
l'avenir de la France, il publia, en 1847, une Histoire des Girondins,
écrite à l'usage du peuple et destinée à lui donner «!une haute leçon de
moralité révolutionnaire, propre à l'instruire et à le contenir à la veille
d'une révolution!» (voir Révolution française). L'intérêt que suscita
l'ouvrage lui valut, en 1848, d'être ministre du nouveau gouvernement
républicain. Toutefois, son échec face à Louis Napoléon Bonaparte à l'élection
présidentielle, puis le coup d'État de 1851 mirent un point final à sa carrière
politique.
| |
Les années de misère
Il ne fut
plus, dès lors, qu'un homme de lettres contraint, en raison de ses dettes
importantes, à un travail forcé. Il publia à cette époque des récits qui sont
autant d'épisodes autobiographiques idéalisés (Confidences, contenant
l'épisode célèbre de Graziella, 1849!; Raphaël, 1849!; Nouvelles
Confidences, 1851), de nombreuses compilations historiques (Histoire de
la Restauration, 1851!; Histoire des Constituants, 1853!; Histoire de la
Turquie, 1853-1854!; Histoire de la Russie, 1855), des sommes littéraires (Cours
familier de littérature, 1856-1869) et s'occupa surtout de la réédition de
ses œuvres complètes (Œuvres complètes en 41 volumes, 1849-1850).
On trouve çà
et là quelques poèmes inspirés («!le Désert!», «!la Vigne et la Maison!»), des romans
intéressants qui montrent un Lamartine romancier des humbles (Geneviève,
histoire d'une servante et le Tailleur de pierres de Saint-Point,
1851), mais dans l'ensemble, le souffle de ses débuts manque à ces textes, dont
l'écriture est motivée davantage par le besoin d'argent que par l'inspiration.
Alphonse de Lamartine mourut le 28 février 1869, dans un
oubli presque total et après avoir vendu peu à peu tous ses biens.
Méditations poétiques
Parues en
1820, les Méditations poétiques restent le chef-d'œuvre de Lamartine. Si
la publication de ce recueil marque une date importante dans l'histoire de la
poésie, puisqu'on y voit l'acte de naissance du romantisme en France, l'ouvrage
reste assez conventionnel par sa forme. La versification (régulière) et le
lexique (d'un registre élevé) restaient ceux du siècle précédent, mais
Lamartine sut conférer à ses poèmes une musicalité particulière, une harmonie
fortement évocatoire, qui est considérée, aujourd'hui encore, comme l'une des
principales qualités de son œuvre.
Mais c'est
bien davantage par la teneur de ses poèmes que par leur forme que Lamartine
ouvrait une nouvelle ère poétique. Le succès immédiat et considérable des Méditations
s'explique en effet par leur adéquation à leur époque, à l'émergence d'une
sensibilité nouvelle, liée aux bouleversements de l'histoire, aux incertitudes
de l'avenir et à une nouvelle vision de l'individu, perçu comme être sensible,
complexe et comme centre de la représentation.
Les Méditations
se présentent comme une sorte de rêverie mélancolique sur le thème de la foi et
celui de l'amour. Le poète, qui parle à la première personne, évoque le
souvenir de son amante perdue, qu'il appelle Elvire, et dans laquelle on
s'accorde le plus souvent à reconnaître Julie Charles. Le recours au pseudonyme
marque bien qu'il y a transposition des événements dans le monde imaginaire et
poétique, indiquant clairement qu'il ne faut pas lire les Méditations
comme un journal exactement fidèle à la réalité des faits.
Si les Méditations
sont un journal, elles sont le journal d'une âme insatisfaite, qui souffre et
ne trouve pas de repos. La poésie y est investie d'une fonction existentielle : elle devient le lieu
de l'épanchement du Moi, d'une interrogation sur le sens de l'existence et
d'une méditation sur la condition de l'Homme.
L'un des
poèmes les plus célèbres des Méditations est une élégie, «!le Lac!», qui fut directement
inspiré par la rencontre avec Julie Charles sur les bords du lac du Bourget. Le
thème dominant est la hantise du temps qui passe et qui corrompt tout!; dans un style très
affectif, le poète et sa bien-aimée, à laquelle il prête sa voix, supplient le
temps, la forêt, les grottes, le lac lui-même, la nature tout entière enfin, de
préserver à jamais les instants de bonheur qu'ils sont en train de partager.
Encyclopédie Encarta (c) Microsoft
|