Partage de la lumière (extraits) - Daniel Leduc
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Se souvenir
des gestes
dans l’arbre

que le vent
ébauche

avec
les premières feuilles
du printemps

les cigognes
tracent
une phrase
dans le ciel

avant
de se percher
sur un mot

le seul mot
qui fera nid

pourquoi

le seul mot
couvé
par l’uni-
vers
*****


Derrière les étoiles
d’autres étoiles
se nomment

l’inconnu

toujours semblable
au différent

bouche
qui vocifère
son silence

tourbillon
extatique

d’une mémoire

sans

temps

*****

Par la valse
des mots

c’est ainsi
que la lumière
transite

par cette
danse

ce bouche à
bouche

ces distorsions
de sons

qui
d’une oreille
à l’autre

percutent

différemment

*****


La lumière
nous partage
nous
défragmente aussi

lien
qui lie
l’un à l’autre

autant
qu’il nous relie
à nous-même

épaisseur
de la page invisible
que l’on tourne
à peine

lorsque
l’on meurt

*****

Ce qui dépasse
la vitesse
de la lumière

n’est-ce pas
l’impensable
qui s’affronte
à l’invisible

espace
où règne
le non-espace

soleils
de neutrinos
éclairant
la lumière

soleils
de soleils

*****

La lumière
appartient
à la clarté obscure

il faudra bien
se reconnaître
un jour
dans ce qu’il y a
de trans-
parent
de trans-
lucide
de trans-
itoire aussi

il faudra se coucher
sur ses ombres

tenter de les calquer
sur sa mémoire

ne plus avoir peur
de l’oubli

ni des mots
que l’oubli
n’oublie pas


*****

Les mots
ce sont
nos seuls accords
avec le monde

ses vibrations
tentaculaires

ses spasmes
aussi prégnants
que nos vertiges

le monde en soi
dont dépend
le monde

au regard
du vide

nous ne sommes

que
des mots

*****


Et l’émotion
est une lumière
aveugle
issue
des fibres du temps

elle garantit
à l’homme

d’être
encore

l’animal

dans
son élan

vital

elle garantit
l’homme
d’être
homme

*****


Ce qu’il faut
de pluie
pour aimer
le désert

d’ombre et de mots
pour éclairer
l’obscur

ce que l’on doit
connaître
pour tout
oublier

avant
que n’adviennent

d’autres certitudes

celles qui pleurent
en silence
*****

La terre s’émiette
dans nos mains
comme une pensée
fragile

elle est ce
meuble
dans lequel
se rangent
nos ancêtres

nous y plantons
nos mythes
comme myrtes
sauvages

nos pas
sillonnent
cette terre
étrangère

étrangement
nôtre

telle une autre
peau

*****

La nuit
précède et suit
le jour

dans sa durée
opaque

elle est le jour

qui ferme
les yeux

alors
que tant d’étoiles
s’éveillent

que tant d’étoiles
s’éteignent

la nuit ranime
les souvenirs

évanouis

*****

La nuit
qui précède et suit
sa propre nuit

comme le mot
qui précède et suit
son propre sens

et le sens
des autres
mots

à chacun
l’essence
de ses nuits
les sens
de ses mots

à chacun
la direction
du sens

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