Poésies d'Isaac Berezovski
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Triste fou
Par-delà ces contrées résonne sa complainte
Des notes de regret s'égrenant dans la nuit
Digne fils d'Ossian qui écoute tes plaintes?
Seul le vent tend vers toi un faciès épris
Il est triste le fou de cette joie sans pertes
Effluves suaves dont le clair souvenir
A mille noirs tourments laissera place verte
Sur un vaste océan il vogue vers l'Empire
Une fleur enchantée si pure que rosée
Eut paru indigne dormait en ces vallées
Heureuse sous la nue l'Astre n'en a que faire
Charmé par son bouquet le flâneur n'est pas rare
A venir s'y baigner radieux et sans peur
Mais pour le triste fou elle a fermé son coeur
Sonnez sonnez cors et trompettes
Dansez sombres marionnettes
Bardes jongleurs et ménestrels
Contez l'histoire de l'Eternel
De ces fines voiles de flammes
Qui très loin dans l'oubli l'entraînent
Tentacules vidant son âme
La fin de ces folles étrennes
Sinistres gardiens des ténèbres
Laissez ce triste voyageur
Reposer son esprit funèbre
Car il est las d'être rêveur
Azur irisé
Des myriades
De célestes couleurs
Se fondent agiles
Divin feu de joie
Se cambrent prestement
Fougueuses chimères
Perles incandescentes
Qu'il est clair
Ce coin des nues
Où se rencontrent
Blaches colombes
Et cascades
De papillons
Larmes du ciel
Epargnez ce songe
Fuir il faut fuir
Celle qui brise les coeurs
Les spasmes de colère
Qui apportent terreur
Larmes du ciel
Epargnez ce songe
Voyez cet épieu qui me perce
Et tout ce sang qui se disperse
Embrassé par l'adverse fer
Mon glaive tournoyant dans l' air
Elle ne sera pas venue
Qui? Cette enivrante jeunesse
Ces folles années pécheresses
Ces amourettes ingénues
Mais de ta torture bourreau
Je fais éloges gracieuses
Car jamais mon âme pieuse
N'eût trouvé un pareil tombeau
Je me rappelle
Ces vastes plaines
Arides et désolées
Ce vent impétueux
Qui fait chanter
Les étendards glorieux
Ne reste t-il
Qu'épars débris
De l'autrefois fière
Et courageuse cité?
Ces murs majestueux
Où ruisselait
Cette écarlate sève
Ne sont-ils plus aujourd'hui?
Car j'ai franchi ces portes
J'ai bu le calice impie
O déesse maudite
Fais revivre
Une dernière fois
La cité oubliée
Que l' on se souvienne
De sa splendeur passée
Je me rappelle
Sinistres conquérants
Devant ce brasier
Qui ferait votre gloire
Ce sourire enjoué
Qui brûlait sur vos lèvres
Etes-vous contents
Serpents infernaux
De ces braises rougies
Qui se consument
Au fil des siècles?
De ce délire perdu?
Oui, je me rappelle
Car jusqu' à la lie
J' ai bu le calice impie
La musicienne
Aux doigts enchantés
Céleste musique
Adoucit mon mal
Cette menue mélodie
Ces petites notes
Qui courent sur l'Océan
Aigri, m'entraînent au loin
Sur un torrent de larmes
Je navigue éperdu
Où? Où me conduiront
Ces rêveries amères?
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