Poésies de Michel Kern
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  1. Plume
  2. Barbe Rousse
  3. Conte synchrone
  4. Mirabelle
  5. Où est le poète?
  6. LMMJVSD
  7. Quel beau monde!
  8. Ce jour-là
  9. Un drame se trame avenue Wagram
  10. Fourmi
  11. Le visiteur du soir
  12. Eau de vie

        Plume

La Plume était l'oiseau,
et flèche qui, sans un mot,
arrêta de son trait
l'Esprit sur la sagaie.

Le chasseur enchanté
par l'unique Beauté,
destina son Panache
au Maître calligraphe.

Animée par la Flamme
d'une main de l'Islam,
elle dessine l'Oiseau
qui chante mieux que les mots.

        Barbe Rousse

Dans le Feu des Colonnes qui crépitent en cascade,
la couleur du Soleil s'étire en tresses Noires
car les Flammes sont rebelles et partent en escapade

Amazones exaltées, ivres d'Air et de Gloire
Elles bâtissent en riant un Palais de Safran
A la foudre bénie cachée dans un Nuage
Voyage en farandoles pour défier les Géants
dont les robes de pluie chantent un mauvais présage

Devant l'Arc imposant qui marche lentement
la Divine Epée bleue s'est tapie dans le ciel
et renonce humblement à l'Armée d'Etincelles

Les Tyrans impassibles méprisent leurs blessures
Ils s'élèvent éternels dans la Nuit du brasier
puis s'endorment paisibles, le coeur plein de fierté

        Conte synchrone

C'est le Train des Marsouins qui s'enfuit dans la Nuit
Ils dansent la Cadence dans le bruit de la Pluie.

Vive Locomotive, ivre de Joie de vivre
qui les mène au Domaine où le Givre est un Livre.

Le Cheval Carnaval les guettait de Gaieté
Dans un Nuage Sage, il brillait de beauté.

Le Miel de l'Arc-en-ciel dans les gants du Géant
qui file en mots Agiles sur le Velours des Jours.

        Mirabelle

Là où le doux visage
s'est posé cette Nuit,
la Soie de ce Rivage
a dessiné des plis.

Quand la Lune s'allonge
dans les bras de la Dune,
la blonde Voix des songes
s'assoupit dans l'Ecume.

Le Mirage a souri
comme un charmant Nuage,
et ses yeux m'ont nourri,
de chaleureux présages.

Où est le poète?

L'un est un Corbeau
qui ramasse les mots
sous l'Arbre du Langage,
pour les prendre en otages
dans un Filet de Rimes.

L'autre ne connaît pas les mots,
Irrigué par la Source Phonème,
il nourrit ses Rameaux
dans le Vent du Baptême.

Quand le Verbe s'anime
au coeur de son feuillage,
Il tisse avec ferveur
un manteau de Couleurs,
pour accueillir l'image.

LMMJVSD

Mon Ami le Rabbi
est à demi remis
du Rami de Mardi.

Il avait dit "Shalom !"
avant de faire un Chelem
dans mon HLM.

"En dix manches ?" lui ai-je dit
avant de rediviser les cartes.

"Ca me dit" m'a t'il dit.

La Dame de coeur,
L'indiscrète commère que redistribue l'atout

nous regarde en riant
car elle aime écouter le jeu
de ceux qui joue avec le feu
de l'amitié.

Quel beau monde!

Quand les Câpres folâtrent
dans la Salade de Crabe,
Les Tomates en débattent
sous le Toit des Anchois.

Les Oeufs-mimes osent à peine esquisser
l'ombre d'un pas sur le Tapis de Riz,
ils écoutent sans doute le Sermon du Poivron:

"Les épices nous trahissent !
Le Sel est infidèle,
Le Poivre nous rend suaves,
Quand au Charmant Piment
C'est souvent qu'il décape
Le Palais des Gourmands"

"Mais si l'Appétit s'active,
Si les Papilles frétillent,
Si les Sourires pétillent
Dans les Yeux des Convives.
C'est une Habile Idylle
entre une Olive de Style
et notre Peuple Utile"

"Alors Votez sans Hésiter
Pour que Vive l'Olive,
car son Huile nous Ravive !"

Ce jour-là

Entre l'Herbe et le Vent,
L'Araignée méritante
Tisse un Voile géant.

Sur sa Toile Filante,
Elle tresse l'Eau des Pluies
En Couronnes brillantes.

C'est la Fête aujourd'hui :
La Trame est innocente
Et chacun s'en réjouit.

Les Ailes frissonnantes
tressaillent en symphonie
sur la Harpe riante.

Un drame se trame avenue Wagram

La vieille Dame et l'Hippopotame
jouaient aux Dames sur le Macadam.
Un Quidam sans dirham
entame ses gammes
sans demander sésame.

Il amasse une menace
sur le Calme sagace de la partie tenace.
La Femme s'exclame
qu'il pourrait jouer au Siam sans encourir de Blâme.

Sans manquer d'audace, il dit qu'il vient de Las Vegas
où chacun se délasse au son de ses Calebasses.

Le Mammifère énorme s'assoit sans autre Forme
sur l'instrument Hors Norme.

Mais cet Acte étonnant
déclencha une épopée coriace
où chacun des deux camps avait ses partisans.

Le Conflit s'esquiva dans l'oubli
Dès qu'une Voix Perspicace
Débusqua l'Alibi de l'Appétit

Pour Unir les Rebelles
Autour d'une Glace aux Mirabelles

        Fourmi

Si j'étais né fourmi
je serais ton ami.

J'entendrais ta douleur
et j'aurais partagé
le fruit de mon labeur
sans te dévisager.

Je prendrais ton fardeau
comme on porte un berceau.

Je soufflerais des mots
à l'esprit qui chavire.

Pour qu'un être nouveau
anime ton Navire.

Le visiteur du soir

Le grand âge est venu
sans m'avoir prévenu.

Il a voulu m'instruire
mais je voulais m'enfuir.

Quand il m'a rattrapé
j'ai voulu le frapper.

Chaque jour je brillais
sans voir que je brûlais.

J'ai construit ma maison
sans compter les saisons.

Comme un fleuve assoupi
d'avoir creusé son lit,
Découvre le rivage
où de nombreux visages
ont le même sourire.

   Eau de vie

J'étais glace éternelle
courtisée par le vent
habillée de lumière
étendue sur la roche
en dévorant des sources
pour assouvir ma gloire.

La lumière a rougi
et les sources ont tari.
Le vent devint fantasque
et me griffa de ses bourrasques.
Je riais de ces mutineries
mais le gouffre a surgi
en vomissant sa lave.
Aveuglé par la rage,
je lançai mes glaciers
à l'assaut du brasier.
Ils se sont évanouis
et j'ai fondu sans bruit.

Mon esprit s'est inscrit
dans un ciel en furie
j'étais puissant nuage
accomplissant l'orage.
J'ai nourri la prairie
et la terre a fleuri.

Etourdie par la brise
qui dénoue ma corolle
je suis fragrance exquise.
Aujourd'hui je somnole
demain serai cerise.

Perdue parmi mes sours
dans le vaste panier
d'un jeune promeneur.
Je serai sur ses joues
Pas dans le clafoutis.

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