Poésies de Robert Pauwels
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  1. Je suis sur cette frange septuagénaire...
  2. La Pipe trouée

Je suis sur cette frange septuagénaire
au gré des articulations impossibles,
des journées rétrécies et du temps lapidaire,
précieux s'enfuyant sans remords, infaillible,

au bon gré de ces lassitudes impromptues,
des fatigues surgies comme un voile jetées,
des besoins de silence et de voix reconnues
et de ces craintes devant leur fragilité.

Mais dès que l'aurore a éclairé les volets
je vais sur le versant de l'adret chaleureux
où la rose a encore ce parfum d'été
où la rosée s'emplit de rayons lumineux,

gouttes de souvenirs d'un passé diadème
où les rires jouaient sur la crête tangible
des amours évidents comme des théorèmes
perles du temps passé, au fil des jours sensibles.

Et ce temps basculant comme un cheval de bois
un peu vers l'avenir souvent vers cet hier....
Je vais sur cette frange septuagénaire
tout en cahin caha, au gré du coeur qui bat.

    La Pipe trouée

Elle avait de l'allure ma pipe courbée,
Elle avait pris ce goût de terres et de souche,
Avec de la bruyère, une certaine touche,
Dans son culot noirci d'effluves exaltées.

Elle avait travaillé à ma sombre mémoire
Elle m'avait aidé en ces quelques travaux
De-ci de-là poème et autres madrigaux
Lissant ses volutes dans le calme d'un soir.

Un jour soudain sans voir le mal qui la rongeait,
Je l'allumai serein pour déguster ma bière.
Les dernières bouffées lui furent meurtrières:
Le fourneau se perça, l'ulcère calcinait

Laissant passer encore un peu de fumée grise.
Ainsi va de la vie pour nous pauvres humains.
Un jour elle s'en va triste sans lendemain.
Il suffit d'un rien pour qu'alors elle s'épuise.

Depuis le gai soleil d'une aube printanière
A travers les chemins jusqu'à la mer étale
S'est-on imaginé la fragile bruyère
D'où s'envolait soudain la dernière spirale.

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